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Archéologie préhistorique

La terre charentaise est une terre de traditions et d’accueil puisque le début de son peuplement par l’homme remonte certainement à près de 500 000 ans. Les sites paléolithiques y sont nombreux et certains, d’une grande richesse et ont largement contribué à améliorer nos connaissances sur l’homme fossile et ses comportements dans l’Ouest de l’Europe.

Ce peuplement ne fut pas uniforme sur l’ensemble du bassin de la Charente : les parties correspondant aux cours supérieur et moyen du fleuve furent sans doute les plus habitées.

La Vallée de la Tardoire se caractérise, dans les environs de MONTBRON, par sa richesse en sites occupés durant les temps paléolithiques et parfois dans des périodes plus récentes (Néolithique, Age du Bronze, et occasionnellement durant l’époque médiévale).
Les grottes de l’Ammonite, du Placard, de La Chaise et de Montgaudier, l’abri de La Cave, les abris du Bois-du-Roc sont les exemples les plus marquants d’une occupation humaine s’échelonnant sur près de 300 000 ans. Certains de ces sites, tels La Chaise ou le Placard ont une renommée internationale.

LA CHAISE

Les grottes de La Chaise forment un vaste complexe d’habitats paléolithiques composé de plusieurs cavités s’ouvrant dans un petit massif de calcaire dolomitique du Jurassique moyen dominant la Tardoire, et témoignant de l’intense activité karstique qui a affecté cette région. Seules trois de ces cavités ont fait l’objet de recherches. Deux de ces cavités : les grottes Bourgeois-Delaunay et Suard, du nom de leurs premiers fouilleurs sont particulièrement importantes. La première a été fouillée dès 1850 par Fermond, mais la première description stratigraphique en fut donnée par les Abbés Bourgeois et Delaunay en 1865, accompagnée d’une description de l’outillage recueilli qu’ils comparent à l’industrie recueillie peu auparavant à AURIGNAC. A l’exception de quelques pièces conservées au Musée de l’Homme, rien ne nous est parvenu des séries récoltées par les Abbés. Quelques années plus tard, Fermond distingua les industries en Magdalénien, Solutréen et Moustérien. Par la suite, Chauvet vit à La Chaise du "Présolutréen", mais nous n’avons aucune précision sur ce qu’il englobait sous cette appellation.

En 1870, l’Abbé Suard entreprenait de dégager une mince fissure qu’il avait reconnue non loin à l’Ouest de la grotte précédemment fouillée et pénétrait ainsi dans une salle basse, entièrement comblée de sédiments ; mais il n’a laissé aucun document écrit concernant ses travaux. Ce n’est que vers la fin des années 1930 et principalement après la guerre que David y entreprenait des fouilles plus méthodiques qu’il poursuivit jusqu’en 1963. A la demande du Professeur J. Piveteau, de nouvelles fouilles ont été effectuées de 1967 à 1983 (fouilles Debénath). Les grottes de La Chaise ont été habitées entre environ 300 000 et 35 000 ans avant notre ère. Elles ont livré de riches industries moustériennes et aurignaciennes, ainsi qu’un nombre important de restes humains néandertaliens (72 restes), ce qui en fait la plus importante série datée de l’avant dernier glaciaire et du dernier interglaciaire. L’âge de ces restes se situe aux environs de 150 000 ans. Des structures d’habitat ont été découvertes dans les niveaux les plus anciens (structure en bois de rennes, sol d’habitat), ainsi que des os cochés qui sont la première manifestation, en Europe, d’une action humaine volontaire sur un tel matériau.
Propriété privée, le site de la Chaise ne se visite pas. Les collections sont visibles au Musée d’Angoulême.

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Restes humains en place
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Restes humains en place
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Mandibule humaine
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Fragment de calotte crânienne
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Occipital humain
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Fouille de l’abri Suard
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Patte de rhinocéros
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Dégagement de restes humains
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Coupe stratigraphique frontale de l’abri Bourgeois-Delaunay
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Os coché de l’abri Suard
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Os cochés de l’abri Suard





MONTGAUDIER

Le gisement préhistorique de Montgaudier, s’ouvre également dans un des nombreux "pitons" jurassiques qui dominent la Vallée de la Tardoire entre MONTBRON et LA ROCHEFOUCAULD. C’est peu en amont de Montgaudier que la Tardoire cesse de couler dans les terrains cristallophylliens pour pénétrer dans le domaine calcaire : il ne faudra pas s’étonner si la matière première utilisée par les moustériens de Montgaudier fait de nombreux appels aux roches en provenance du Massif Central. La grotte de Montgaudier est constituée de plusieurs locci qui correspondent à des abris superposés qui se sont effondrés au cours du temps, donnant à l’ensemble une stratigraphie complexe qui n’est pas encore bien connue. Les premières fouilles qui y furent faites furent, au dire de Fermond, celles de Lartet, et ce dès avant 1850. Nombreux sont ceux qui s’y succédèrent depuis : de Vibraye en 1864, Trémeau de Rochebrune en 1865, 1866 et 1867, les Abbés Bourgeois et Delaunay en 1865, Fermond en 1871 et 1872, Gaudry en 1867 et 1878, Paignon, Lartet et Gaudry en 1878, Harlé en 1892, Fermond et Cartaillac en 1894 et 1895, de Mortillet en 1907 et 1910, Octobon et Vallade en 1926, David et Pintaud en 1957, 1958 et 1959. Le gisement, non protégé, fut ensuite laissé à l’abandon .... et aux fouilleurs clandestins. Sur l’initiative du Professeur J. Piveteau, les travaux furent repris par L. Duport en 1966.

Nous ne savons que peu de choses des premières fouilles : Chauvet en 1892 y signale du Solutréen, du Magdalénien et du Moustérien, Fermond ne mentionne que du Moustérien et du Magdalénien. La présence d’Aurignacien a été mentionnée par Octobon, mais contestée par M. Perpère-Legrand et semble de nouveau établie par les nouvelles fouilles. Quelques pièces solutréennes ont été trouvées : elles ne correspondent pas à un niveau d’habitat, mais semblent plutôt avoir été « perdues » lors d’un passage des Solutréens. C’est surtout le Magdalénien qui avait retenu l’attention par suite de la présence de nombreuses oeuvres d’art dont le célèbre "Bâton de commandement", décoré de phoques gravés, découvert par Paignon et publié par Gaudry en 1886. Malheureusement, cette pièce n’a pas été trouvée en place, mais dans la prairie en face de la grotte dont les sédiments avaient été épandus pour rehausser le niveau de la prairie et la protéger des inondations de la Tardoire. Les fouilles de L. Duport ont confirmé la présence d’un Magdalénien supérieur, dans lequel des foyers aménagés ont été mis au jour et celle de Moustérien, sous forme d’un type assez classique dans le bassin de la Charente. Deux crânes humains, très probablement magdaléniens ont été découverts dans la partie supérieure du remplissage. Le reste des squelettes n’a pas été dégagé. Une mandibule néandertalienne a également été mise au jour, mais sa position stratigraphique exacte est mal connue.
Les séries récoltées à Montgaudier sont disséminées dans plusieurs collections.

André Debénath,
Dr. es Sciences
Professeur émérite de Préhistoire