L’église fut construite avec la belle pierre de taille, dure et homogène, extraite des carrières de la région.
A l’extérieur, la façade a été couronnée d’un pignon. On y voit deux animaux, peut-être des lions. Le portail, assez large, se compose de trois voussures reposant sur de minces colonnettes. L’une d’elle a été tronquée au 15ème siècle pour recevoir une statue aujourd’hui disparue.
Intérieurement, la nef est voûtée en berceau brisé. Elle ne possède pas un arc doubleau sur colonnes engagées qui ont des chapiteaux ornés de feuillages et de têtes humaines. Trois fenêtres en plein cintre existent sur chaque côté.
Au nord, un évidemment dans le mur donne accès à une chapelle du 16ème siècle. Le carré du transept est couvert d’une coupole sur trompes. Sur le pourtour du chœur s’ouvrent cinq absidioles. Celle du centre, un peu plus importante que les autres, est ornée de deux arcatures surmontées d’arcs en mitre.
L’église fut réparée à plusieurs reprises au cours du dernier siècle. Elle fût dotée d’une tribune en 1842 et qui vient d’être refaite, d’une sacristie en 1857 et de fonds baptismaux. Le chœur fut entièrement reconstruit par l’architecte Paul ABADIE en 1860. Le clocher qui était à l’origine en bois et de forme octogonale fut remonté en 1882. Frappé par la foudre le 2 mai 1883, il fut complètement reconstruit en pierre et sur des plans nouveaux en 1887 (architecte WARIN).
Les tombeaux
Quatre tombeaux romans du 12ème siècle ornent le mur extérieur du côté du midi. Sur le premier, entre des colonnettes se trouve placée l’inscription tumulaire d’Auduin Borrel ou Borreau et de sa famille : + HIC REQUIESCUNT AUDOINUS BORRELLI ET PHILIPPA UXOR SUA ROBERTUS HELIAS BERTRANDUS AUDOINUS ALDEBERTUS PETRONILLA ET JOHANNA QUE OBIT ANNO DOMINI MCCXL. (ici reposent Auduin Borelli et Philippa son épouse, Robert Elie, Bertrand Auduin, Adalbert, Pétronille et Jeanne, laquelle mourut en l’an de grâce 1240) Au-dessus des six petites arcatures de la deuxième arcade, on lit l’inscription tumulaire de Jeanne de MONTBRON : CHRISTE TUO PASQUATUR DOMNA JOHANNA CURANS HOC LOGERE DICAT DEUS HUIC MISERERE. (Ô Christ, nourrit de ta manne Dame Jeanne. Passant qui lit ceci, dit pour elle un « miserere »). Ces deux tombeaux se trouvent aujourd’hui renfermés dans la sacristie.
Immédiatement après, on rencontre un troisième tombeau. L’inscription qui faisait connaître le nom du défunt ne se voit plus aujourd’hui. Il s’agit, selon les historiens, soit de Robert III de Montbron qui s’illustra à la deuxième croisade en 1147, soit de l’évêque Guillaume de Montbron qui gouverna l’église de Périgueux pendant plus vingt-deux ans et qui mourut en 1081. le gisant est revêtu d’une dalmatique. Quelques mètres plus loin, se présente le quatrième tombeau, qui est celui de Pierre-Robert Caille de La Motte et de ses fils. L’inscription est la suivante : HIC REQUIZSCUNT PETRUS ROBERTI CALLA DE LA MOTTA ET FILII EIUS PETRUS CALLA ET GERALDUS ROBERTI REQUIESCANT IN PACE. (ici reposent Pierre Robert Caille de la Motte et son fils Pierre Caille et Gérald fils de Robert. Qu’ils reposent en paix.)
L’orgue
Les facteurs Stiehr-Mockers construisirent cet orgue en 1845 pour l’église de Saessolsheim dans le Bas-Rhin.
L’instrument, de facture classique, comportait une quinzaine de jeux sur un clavier et pédale à traction mécanique, avec console en fenêtre. En 1926, le facteur d’orgues Joseph Rinckenbach le recompose totalement en le disposant sur deux claviers et pédale. En 1995, cet orgue est démonté pour être remplacé par un autre plus grand. La ville de Montbron l’achète en mars 1997 et les éléments sont acheminés dans l’atelier du facteur Bertrand Boulay en Charente afin d’y être totalement restaurés. Il fut installé sur la nouvelle tribune de l’église Saint-Maurice, où il a pu résonner à nouveau pour la messe de minuit, le 25 décembre 1998.
La chapelle latérale
Cette petite chapelle gothique, originairement dédiée à la Vierge, est devenue la chapelle du Saint-Sacrement. Une très belle clef de voûte, en pierre sculptée, porte une date : 1538. Elle a la forme d’une couronne. Une inscription en latin est gravée dans la pierre. Il s’agit d’une prière dont la traduction est : « Ne me délaisse pas pour toujours », suivi d’un nom : du Rousseau. Au milieu du petit cercle, le blason de la famille a été sculpté. Celui-ci contient des pièces de monnaies byzantines dont la présence signifiait que la famille avait fait le pèlerinage à Jérusalem. Une coquille Saint-Jacques au-dessus de cet écu rappelle les séjours des du Rousseau à Compostelle. La date est probablement celle des fiançailles de deux jeunes de Montbron : Junien du Rousseau, écuyer, seigneur de Marandat et Marie Couraudin de Ferrière. Le mariage eut lieu en 1540, sous le règne de François 1er. Ce sont sans doute les visages des deux époux que l’on aperçoit, naïvement sculptés dans la pierre. Junien du Rousseau de Ferrière mourut vers 1567, laissant des enfants en bas âge et une veuve qui eut beaucoup de mal pour élever sa nombreuse famille pendant les années troublées par les guerres de religion.
Cette chapelle des Ferrières n’était pas la seule chapelle noble de l’église. D’autres familles de Montbron en possédaient sous l’ancien régime. La chapelle de Marandat, située à l’extrémité du transept nord ouvrant directement sur le vieux cimetière menaçait ruine à la fin de la révolution et fut démolie sous le consulat. La famille de Lambertie possédait, dans le chœur même de l’église, un mausolée de « trois pieds d’élévation » et avait fait placer, à la voûte de l’église, ses armoiries et ses litres1. A la révolution, le mausolée fut abaissé et les armoiries et les litres rendus indéchiffrables.
1/ Litre : large bande noire aux initiales du défunt que l’on peint sur les murs à une certaine hauteur.
Historique
Au début du 12ème siècle, le diocèse d’Angoulême avait à sa tête Girard II, un évêque énergique, doué d’une vive intelligence, diplomate avisé. Girard sut s’entourer d’architectes, de tailleurs de pierre, de sculpteurs, et fit reconstruire et consacrer la cathédrale d’Angoulême (1128). Sous l’influence de ce prélat lettré, l’Angoumois « secouant et rejetant sa vieillesse, se couvrit d’un blanc manteau d’églises. » C’est à cette époque que fut construite l’église de Montbron. Elle remplaçait une église antérieure, sans doute très endommagée par les raids vikings et peut-être arabes, dépendante d’un prieuré situé au sud de l’église actuelle. Fondé par un baron de Montbron, ce prieuré était rattaché à l’abbaye de Cluny et comprenait au moins six religieux ayant pour mission de célébrer deux messes conventuelles par jour et de distribuer des aumônes aux pauvres de la paroisse.
La paroisse de Saint-Maurice faisait partie du diocèse d’Angoulême, de l’archiprêtré d’Orgedeuil. Une enquête fut conduite après les guerres de religion, en 1630. Elle nous apprend que toutes les églises avaient été dévastées et pillées au cours des troubles religieux de 1562 à 1670. les religieux du prieuré de Montbron furent dispersés, les bâtiments tombèrent en ruines et les paysans s’approprièrent les domaines des moines. La vie religieuse a repris depuis, en 1985 avec l’arrivée des Chanoines Réguliers de Saint-Augustin.
Vous êtes de passage à Montbron ? Une visite de l’église s’impose !